Teisho Suzuki #71-08-13

Cette nuit nous avons abordé un point très important. En japonais nous disons “sabetsu-soku-byodo, or shinku-myou”. Sabetsu signifie “spécial” et byodo signifie “égal”. Chaque être est spécial chaque être a son propre sens de l’existence. Quand quelque chose existe il y a une raison pour que cela existe. C’est le caractère spécial. Et le caractère égal c’est que même si les choses apparaissent différentes, à véritablement parler elles n’existent pas de cette façon, parce qu’elles changent, en permanence. Alors si les choses changent en permanence on ne peut pas dire qu’elles existent vraiment, quelque chose que nous voyons mais qui n’existe pas. Vous pensez que vous existez ici mais en fait tel n’est pas le cas. Et ce qui est plus facile pour vous à comprendre, peut être intellectuellement, ce sont les choses qui n’existent pas. Egal est plus facile à comprendre que spécial. Quand vous dites liberté, le sens de liberté ou le sentiment de liberté est plus proche d’égalité. C’est un peu comme “nous sommes égaux alors nous devons être libres”. C’est ce que vous dites mais pour nous c’est absurde. Si vous voulez être spécial alors ce n’est pas possible d’être libre en même temps. Quand vous êtes particulier il y a de bonnes raisons pour cela. Par exemple une femme doit être une femme et un homme doit être un homme. Quand on met l’accent sur le pourquoi vous existez en tant qu’homme ou en tant que femme, alors ça a de la valeur. Comme vous êtes une femme vous avez vos propres raisons qu’il en soit ainsi. Et c’est pareil pour un homme. Quand un homme est un homme, une femme est une femme, une pierre est une pierre, un concombre est un concombre, alors ils sont égaux. Personne ne peut changer leur valeur. Chaque concombre est valable en tant que concombre. Mais comme les êtres humains sont très égoïstes, quelqu’un qui n’aime pas les concombres peut dire que les aubergines sont meilleures. Mais en vérité les aubergines et les concombres c’est la même chose. Et c’est pareil pour les hommes et les femmes car chaque être a sa propre raison d’exister. Et chaque être ne peut pas être remplacé. Alors nous disons que chaque être est de valeur égale. Alors ce que nous appelons égalité n’est peut-être pas l’égalité à laquelle vous pensiez.

Ainsi en comprenant ce point, nous disons que comme tout est différent, tout a la même valeur. Et ce dernier point est lié au fait que chaque chose a sa propre façon sa propre raison d’exister. Et c’est pareil avec une personne. Chaque jour je suis différent. Si j’étais toujours le même il n’y aurait pas de raison pour que je sois en vie. Jour après jour comme je change d’un être en un autre, ma vie a du sens. Ainsi égalité est en même temps particularité, qui est en même temps égalité. Si vous mettez l’accent sur l’égalité on vous nommera “tamban-kan” (membre porteur de planche). Si je porte une lourde planche je ne vois qu’un coté, je ne peux pas voir l’autre. De même si vous rester coller à égalité ou à liberté-seulement liberté alors c’est oublier en même temps la restriction. Restriction est liberté vous savez. Si vous collez juste à restriction ou aux règles ou à liberté, vous portez une planche sur votre épaule. Vous ne pouvez voir que le vide ou la forme. ” La forme est la vacuité, la vacuité est la forme” c’est notre compréhension. Voir la forme c’est voir le vide. Comprendre les formes-couleurs signifie plus que juste la couleur ou la forme, quelque chose qui donne à la fois une forme et une couleur. Chacun de nous a une forme qui nous est donnée par le vide. Vous l’appelez peut être Dieu ou autre chose, nous nous disons le vide. Si vous dites Dieu, ce peut être quelqu’un qui peut créer beaucoup de choses. Mais notre Dieu n’est pas quelqu’un qui crée quelque chose, voire tout. Véritablement nous sortons du vide.

Peut-être qu’en disant cela je crée un peu de trouble ou de confusion, car la forme elle-même est vacuité et le vide lui-même est forme. On ne peut pas dire créer ou donner forme ou n’importe quoi d’équivalent. Et cette sorte de chose, cette sorte de vérité, qui peut être comprise par la pratique, par zazen, vous ne pouvez l’accepter par la réflexion.

Et comment nous débarrasser de l’adhérence de notre esprit est notre pratique. Notre esprit est très collant. Il s’accroche facilement à quelque chose à une idée.




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