La méditation selon Charlotte Joko Beck

extrait du livre Etre zen maintenant

La méditation zen (zazen) se pratique dans une posture assise jambes croisées, le dos droit, qui favorise le calme de l’esprit en assurant un bon équilibre entre les énergies des quatre éléments du corps (terre, eau, feu, air). Les détails techniques de la position peuvent varier d’une tradition à l’autre mais sa finalité reste la même dans tous les cas. En faisant zazen, on se donne un moment pendant lequel on va s’abstraire de toutes ses occupations habituelles, de tout ce qui sollicite normalement notre attention -le téléphone, la télévision, la radio, la musique, les amis, le chien qu’il faut sortir -, et on s’offre ce rare cadeau qu’est l’occasion de se retrouver en tête à tête avec soi-même. L’important, c’est moins la méditation que celui qui la pratique. La méditation n’est pas un état ou une activité visant à accomplir quelque chose, c’est simplement le moyen de se mettre en face de soi-même. Sans cet espace qu’on se donne, sans cette simplification, il est fort probable qu’on n’aura jamais l’occasion de se voir en face, dans la mesure où nous sommes bien trop habitués à regarder partout ailleurs qu’en nous-mêmes. L’important, c’est moins la méditation que celui qui la fait, quoique cela n’ait rien à voir avec de l’introspection. Alors de quoi s’agit-il ? D’abord, on s’assied, en adoptant une posture correcte, aussi équilibrée et détendue que possible. Et on reste assis là, tout simplement. Mais que signifie « rester assis, tout simplement » me direz-vous ? Eh bien, c’est sans doute ce qu’iI y a de plus difficile à faire, malgré les apparences. Normalement, il est préférable de garder les yeux ouverts pour méditer. Que se passe-t-il ? Une foule de choses : comme par exemple un petit tressautement involontaire de votre épaule gauche, une douleur dans la jambe droite, une sensation de tiraillement dans le dos. À présent, prenez conscience de votre visage et explorez-en les sensations. Percevez-vous des tensions quelque part, autour de la bouche ou vers le front ? Déplacez ensuite votre attention vers le bas, sentez votre cou, puis voyagez à travers les épaules, le dos, la poitrine, le ventre, les bras et les jambes. Expérimentez chacune de vos sensations. Surtout, soyez conscients du va-et-vient régulier de votre respiration ; sentez l’inspiration, puis l’expiration. Sentez bien ces mouvements de votre souffle, mais sans essayer de les contrôler, quoique vous soyez instinctivement tentés de le faire. La respiration peut varier considérablement d’un individu à l’autre; les mouvements respiratoires peuvent venir principalement du haut de la poitrine, du milieu ou du bas, et ils peuvent être courts ou amples ; contentez-vous de le remarquer, mais surtout ne changez rien à votre façon de respirer. Faites simplement comme d’habitude et expérimentez toutes vos sensations, toutes vos perceptions, qu’elles proviennent de vous ou de votre environnement. Un bruit d’avion ou de voiture qui passe, le moteur d’un réfrigérateur qui se met en marche ou qui s’arrête, les bruits et les sensations du corps -remarquez tout, sans analyser ni commenter. Soyez chacune de ces sensations, tour à tour, à mesure qu’elles surviennent. C’est tout ce que vous avez à faire : expérimenter tout ce qui sollicite votre attention, être conscient de chaque sensation qui surgit.