La méditation selon Thich Nhat Hanh

extrait du livre Le miracle de la pleine conscience

Ceux qui le peuvent s’assoient dans la position du lotus, le pied gauche placé sur la cuisse droite et le pied droit sur la cuisse gauche. D’autres s’assoient en demi-lotus, pied gauche sur la cuisse droite ou pied droit sur la cuisse gauche. Certaines personnes ne se sentent pas à l’aise dans ces postures, et préfèrent s’asseoir à la manière japonaise, c’est-à-dire à genoux ou encore prendre d’autres postures. En lotus ou demi-lotus, il est indispensable d’utiliser un coussin pour s’asseoir afin que les deux genoux touchent le sol. Ces trois points de contact avec le sol permettent d’obtenir une position extrêmement stable. Il est très important que le dos soit bien droit, la nuque et la tête droites, alignées avec la colonne vertébrale, sans rigidité, le regard fixé à un mètre ou deux devant vous. Commencez alors à suivre votre respiration et détendez tous vos muscles. Concentrez-vous sur la rectitude de votre colonne vertébrale et sur votre respiration. Pour tout le reste, lâchez prise. Abandonnez tout. Pour relaxer les muscles de votre visage, laissez fleurir un demi-sourire. Placez votre main gauche, paume vers le. ciel, dans votre paume droite. Détendez tous les muscles des mains, des doigts, des bras et des jambes. Lâchez prise, laissez tout aller, comme ces plantes aquatiques qui passent au fil du courant alors que, sous la surface de l’eau, les rochers demeurent immobiles. Ne vous attachez à rien d’autre qu’à la respiration et au demi-sourire. Trente minutes, c’est une période suffisante pour obtenir un repos total. La technique pour atteindre cette détente complète est fondée sur deux points : observez et lâchez prise; observation de la respiration et lâcher prise de tout le reste. Relaxez chaque muscle de votre corps. Après environ quinze minutes, il est possible d’atteindre un état de calme profond rempli de paix intérieure et de joie. Maintenez ce calme et cette paix. Si l’on est assis correctement, on trouve dans l’assise une relaxation totale et la paix. Respirez doucement et profondément, en suivant chaque respiration, en devenant un avec le souffle. Puis détachez-vous de tout le reste. Au lieu de courir après vos pensées et de les poursuivre comme une ombre son objet, faites l’expérience de la joie et de la paix dans cet instant précis. C’est votre moment. La place où vous êtes assis est votre place. Pratiquez de cette façon pendant quelques mois et vous commencerez à connaître une joie profonde et régénératrice. La facilité avec laquelle vous vous asseyez dépend de l’importance de votre Pleine Conscience dans la vie quotidienne et de la régularité de votre pratique de la méditation assise. On pourrait alors se demander si la relaxation est l’unique objectif de la méditation. En fait, le but de la méditation est beaucoup plus profond. La relaxation est l’indispensable point de départ, mais une fois que vous l’avez obtenue, il devient possible d’atteindre la tranquillité du coeur et la clarté de l’esprit. Et atteindre cela, c’est être déjà bien avancé dans la voie de la méditation. Il est évident que pour maîtriser notre esprit et aimer nos pensées, nous devons pratiquer la Pleine Conscience de nos sentiments et de nos perceptions. Pour contrôler le mental, il faut pratiquer la Pleine Conscience du mental, observer et reconnaître la présence de chaque sensation, chaque émotion, chaque sentiment ou de chaque pensée se manifestant en nous. Pendant la méditation, différentes sensations, émotions, sentiments et pensées peuvent apparaître. Si vous ne pratiquez pas la respiration consciente, ces pensées vous emmèneront rapidement très loin de la Pleine Conscience. Cependant, la respiration n’est pas uniquement un moyen de chasser les pensées et les sentiments. Le souffle demeure le véhicule qui unit le corps et l’esprit et qui ouvre les portes de la sagesse. Lorsqu’une émotion ou une pensée apparaît, n’essayez pas de la chasser, même si en continuant à vous concentrer sur le souffle, celle-ci disparaît naturellement de votre esprit. L’intention n’est pas de la chasser, de la détester, de s’en inquiéter ou d’en avoir peur. Alors que devez-vous faire exactement avec ces émotions et ces pensées ? Simplement reconnaître leur présence. Par exemple, quand un sentiment de tristesse apparaît, reconnaissez-le immédiatement: “Un sentiment de tristesse vient de naître en moi.” Si ce sentiment de tristesse persiste, continuez à le reconnaître : ” Le sentiment de tristesse est toujours en moi.” S’il vous vient une pensée comme : ” Il est tard et les voisins font beaucoup de bruit.”, notez l’apparition de cette pensée dans votre esprit. Si elle persiste, continuez à la reconnaître. De même pour toute nouvelle sensation, reconnaissez-la dès son apparition. Le point essentiel est de ne pas laisser se manifester la moindre pensée ou émotion sans en prendre note, tel un garde aux portes d’un palais, attentif au visage de toutes les personnes qui se présentent. Dans le cas où aucune pensée, aucune sensation ne sont présentes, reconnaissez le simple fait de leur absence. Pratiquer de cette manière, c’est devenir pleinement conscient de vos pensées et de vos émotions.